Le tourisme après le coronavirus

Confinement, réduction des vols aériens, fermeture des hôtels, des restaurants, des musées… La crise du coronavirus a porté un coup d’arrêt brutal au secteur du tourisme. Les pertes financières s’annoncent déjà lourdes en cette année 2020 pour tous les pays et les régions qui accueillent habituellement un flux constant de touristes. Mais quel sera l’impact de cette crise sanitaire à moyen et long terme ? Nos habitudes vont-elles changer ? Quel avenir pour les jeunes qui souhaitent s’investir professionnellement dans le tourisme ? Tentons un décryptage. 

LE SOUTIEN A LA RELANCE

Les estimations chiffrées de l’impact du Covid-19 sur le tourisme diffusées dans les media peuvent donner le vertige. Cependant tous les gouvernements et organisations du secteur sont d’ores et déjà mobilisés pour soutenir les acteurs du tourisme et relancer l’activité. En témoigne l’appel à de nouvelles mesures spécifiques lancé par l’European Tourism Manifesto, qui regroupe plus de 50 organisations publiques et privées couvrant toute la chaîne touristique. Cet appel vise notamment à soutenir à l’échelle européenne les PME et les emplois menacés à court terme. Autre exemple, à Paris, le Comité Régional du tourisme (CRT) se penche déjà sur 2021 et prévoit une campagne de communication massive à l’étranger pour relancer l’attractivité de Paris et du voyage en France.

Par ailleurs, dès le début du confinement, les grands musées mondiaux, comme le Louvre à Paris ou le Met à New York pour les plus connus, ont ouvert virtuellement une partie de leurs galeries. Ces visites en ligne attirent des millions de curieux et renforcent l’attractivité de ces pôles touristiques. Comme rien ne vaut une visite sur place, nombre de ces visiteurs virtuels deviendront bientôt des visiteurs réels.

Après une période difficile, plus ou moins longue selon la résolution de cette crise, le secteur du tourisme devrait rebondir, comme il l’a toujours fait que ce soit après les chocs pétroliers, les catastrophes naturelles ou les événements exceptionnels. Ces crises ont même souvent constitués des accélérateurs de mutation du secteur. 

LES MUTATIONS DU TOURISME DE DEMAIN

Dans tous les pays du monde, les voyages des prochains mois seront surtout nationaux. Contraints par les règles de distanciation et par respect du principe de précaution voire la fermeture de frontières, les vacanciers devraient choisir cet été des destinations plus locales, plus proches de chez eux. Dès cet été, les régions françaises devront en profiter. 

Suite à une longue période de confinement, à l’isolement et aux difficultés économiques qu’elle aura pu engendrer, le tourisme affinitaire, dont la motivation principale est la visite à des amis et à la famille devrait exploser. Les professionnels du tourisme et des loisirs sont déjà en train de s’adapter en proposant des offres adaptées à ces demandes et en ciblant plus précisément les publics. Ces tendances, déjà en vogue avant la crise, pourraient perdurer. 

Mais au-delà de la nécessité de relancer le secteur, nombre d’experts appellent à repenser le modèle du tourisme de masse actuel. Ce modèle montre en effet ses limites tant il impacte le changement climatique, la cohabitation entre touristes et habitants ou la consommation des ressources naturelles. Le désir de l’homme, curieux par nature, de voyager et de découvrir reste intact. Mais les études montrent qu’il aspire aujourd’hui, notamment après avoir traversé cette crise, à un mode de vie plus doux, plus lent et plus respectueux. Il souhaitera ainsi demain des vacances plus en lien avec ses valeurs et recherchera plus de sens dans ses voyages.

Les professionnels du tourisme de demain auront donc à relever de formidables défis : imaginer un tourisme innovant et plus durable, sans perdre de vue les réalités économiques, et repenser l’expérience du voyage comme une vrai découverte. Pour cela, ils devront être formés et préparés pour accompagner cette mutation.